Renaissance

Une lumière aveuglante, la lame d’un scalpel, une table de métal glacée, les poings et les jambes cisaillés par les sangles trop serrées. Des visages laids et idiots à demi-cachés par des masques. Rien n’était rassurant dans ce monde. Ne pouvait-on pas juste la laisser tranquille ? Tout lui était étranger mais tout l’effrayait. Et pourtant, Tomomi ne se débattait pas. A quoi bon. Elle venait tout juste d’arriver dans ce monde, qu’elle voulait déjà le quitter. Respirant calmement, elle ferma les yeux, se coupant de la terrible épreuve qui l’attendait. Elle se préparait à la douleur. Quelque chose effleura sa peau juste au dessus du nombril. Quelque chose de froid et fin. La pression sur son ventre était légère et pourtant l’objet la pénétrait déjà. Cela remontait lentement, découpant finement sa peau. Tomomi restait calme. Tout cela serait bientôt fini. Elle voualit mourir, voilà tout.

Puis soudain, plus rien. Juste une sensation de brûlure au niveau de sa blessure. Plus de présence de scalpel. Qu’allait-il arriver maintenant ? Un autre outil ? Le corps de la jeune fille fut parcouru de frissons. C’est alors qu’elle remarqua qu’elle ne sentait plus de métal de la table. Elle ouvrit violemment les yeux. Ce n’est pas une lumière artificielle qui l’aveugla comme cela était sensé ce produire. Le regard était voilà de nuances de vert. Transperçait ça et là quelques rayons de soleil. Mais que ce passait-il ? Prise de panique, Tomomi releva le buste. De l’herbe, des arbres. Il faisait beau. Droite, gauche, personne. On l’épiait, c’était sûr ! Telle une bête sauvage, elle bondit se blottir au pied d’un tronc. Pas de docteur, pas de salle d’opération, personne… Foudroyée par la douleur, elle se serra le ventre. Son sang perlait sur l’herbe épaisse. L’incision était d’une extrême finesse mais terriblement douloureuse. Qui avait créé cette horrible sensation qu’est la douleur ?

#Ton père…#

Qui avait parlé ?! Tomomi regarda partout. Il n’y avait personne. Elle tendit l’oreille.

#Tu as hérité de sa faiblesse… Ces répugnants humains…#

Tomomi frémit. Ces voix venaient de l’intérieur de sa tête. Des voix sans âmes. Des voix glaciales et mauvaises. Des voix rauques. Des voix d’outre-tombe. Des larmes coulèrent le long de ses joues. Elle hurla, se saisissant de sa tête.

Tomomi} Qui êtes-vous !!! Sortez de là !! Sanglot. Pitié…

Ce dernier mot n’était qu’un murmure. Une supplication. Qu’est ce qu’elle faisait ici, pourquoi était-elle venue au monde ? Pourquoi avait-elle toujours été seule ? Tant de question aux quelles elle n’avaient aucune réponse. Et pourtant, les voix daignèrent l’éclairée sur une.

#Nous t’avons fait quitter ton monde de naissance pour celui-ci… Vie en tant que démon, pas en tant qu’humain…#

Pourquoi ? Démon ? Elle ne comprenait rien. Les voix semblaient répondre à ses questions internes, mais là, le silence… La solitude s’empara de Tomomi. Elle sentait bien une présence, mais personne ne se montrait. Nue, son sang colorait sa peau si pâle, coulant de part et d’autre de son ventre, de ses jambes, de ses mains. Assise en boule, elle se sentait faible, mourante. Etait-ce là la fin de Tomomi ?

Après la banquise, me voilà dans une forêt dense ! Je ne sais pas du tout où m’a emmenée Safaia, mais j’espère pour lui qu’il ne fait pas trop chaud ! Sinon c’est lui qui morflera à ma place… Il fait beau, les oiseaux chantent… Mais il n’y a pas âme qui vive dans cette satanée forêt !! Je soupire et marche un peu. Ouais, c’est pas top comme endroit, je vous le dis. Peu rassurée par l’étrange sensation d’oppression, je posai lentement la main sur la garde de mon sabre et me mis à marcher silencieusement. Je ne savais pourquoi, mais j’étais étrangement peu rassurée en ce lieu… Peut-être était-ce à cause de la chaleur et l’humidité… Ou bien le fait que je croyais aux choses qu’on me racontait sur les forêts… Sur Terre, je n’avais pas peur car j’avais pu vérifier ceci ! Mais dans ce monde... Non, il n’y avait vraiment rien qui me semblait familier.

Je continuai de marcher aussi silencieusement que je le pouvais. Tout autour de moi, je sentais que la présence des animaux se raréfiait. Très étrange… Il régnait dans l’air une forte odeur de sang. Ce doux fumet attira mon attention. Je humai de nouveau l’air et souris. Une femelle était mourante, mais je ne pus savoir, grâce à l’odeur, si elle était humaine ou non. La forêt se faisait peu à peu plus dense, et je dus utiliser mes deux mains pour écarter la végétation rebelle. La douce odeur m’enivrait à présent, la femelle était proche. J’arrivai brusquement dans une clairière. Je plissai les yeux, à cause de la lumière, car j’avais progressé dans un environnement sombre durant un bon moment.

La femelle avait une apparence humaine, mais je ne sentais rien de cette espèce en elle. Il y avait plutôt des fragrances vampiriques près d’elle. Intriguée, je m’approchai et pus voir qu’elle était nue. Sa peau d’ivoire contrastait avec le sang vermeille coulant d’une blessure sur son ventre. Cela dit, ça n’avait pas l’aspect d’une blessure accidentelle. Elle était mourante… Je m’agenouillai auprès d’elle. Heureusement que j’avais pu garder mon matériel de soin en changeant de monde ! La très respectable Unohana, Capitaine de la Quatrième, m’avait apprit comment utiliser tout ça. Mais je ne l’avais fait que sur des humains et shinigamis… Et la cible des soins ne devait en aucun cas bouger ! Je devrais donc faire vite. Je plaçai très rapidement les quatre cônes autour de la jeune femme. Lorsque ce fut en place, un cube vert haut d’un mètre nous entoura. A genoux, je plaçai mes mains au dessus du corps de la fille, puis fermai les yeux pour me concentrer.

Lorsque j’eus fini de la soigner, j’enlevai les cônes, les replaçai dans mon sac et mis une couverture sur la jeune femme. Ce qui m’inquiétait le plus, c’est qu’il n’y avait aucune énergie humaine en elle… Je soupirai puis m’agenouillai à ses côtés et déposai une main sur son front. Elle était tirée d’affaire… Et devait même être déjà réveillée ! J’observai les alentours voir s’il n’y avait rien de malfaisant, puis me concentrai sur elle.

" - Je te souhaite un bon retour dans le monde des Vivants. Un peu plus et tu serais morte, jeune fille. Comment te sens-tu ? - "

[HRP : Désolée du temps de réponse et de la qualité du poste !! :/]

« L’ambiance était agréable, la lumière douce. Tout était calme. Il n’y avait rien. Rien du tout. Cela n’était même pas angoissant, car il n’y avait ni inquiétude, ni souci, ni quelques pensées que se soit d’ailleurs. Le vide, tout simplement. Ah non, il y avait une fille. Une jeune femme, même. Sa peau blanche ne contrastait pas dans ce vide infini. Mais sa chevelure noire oui. Ces cheveux longs qui cascadaient de part et d’autre de son corps recroquevillé. Qu’avait-elle ? Peur ? Froid ? Oh ! Tiens du sang coulait ! Beaucoup trop ! Elle mourait en faite. Ce n’était plus qu’une pauvre chose faible et inutile, une enveloppe charnelle qui retournera à l’état de poussière… Ce corps s’éloignait, devenant de plus en plus petit. A moins que ce ne soit moi qui m’éloigne… Qui suis-je ? Qui était-elle ? Plus rien n’importait. Tout était paisible à présent. Le néant m’attirait à lui. »

Tomomi prit une grande inspiration, si grande qu’elle souleva tout son corps. L’air lui brûla les poumons. Elle ouvrit doucement les yeux, voyant trouble. Où était-elle ? Elle reprenait conscience petit à petit. C’est alors que, dans un sursaut, elle se releva en position assise, portant instinctivement les mains à son ventre, prête à ressentir à nouveau la douleur, puisque la mort avait refusé de l’accueillir. Mais rien. Son ventre était intact. Sa respiration se calmait lentement. Elle allait bien. Mais son esprit n’en resta pas moins troublé.

Sakura} Je te souhaite un bon retour dans le monde des Vivants. Un peu plus et tu serais morte, jeune fille. Comment te sens-tu ?

La jeune femme sursauta, bondit en arrière laissant ainsi tomber la couverture qui lui était tombée sur les genoux. Dans un geste félin, elle montra ses dents reluisantes, prête à attaquer. Elle avisa alors la personne qui se trouvait sous ses yeux. Elle était plus petite que les autres humains qu’elle avait rencontré jusque là. Qui était-elle ? Que lui voulait-elle ? Tomomi resta en position de défense, à l’affut du moindre geste. Elle bondirait au moindre signe hostilité. Du moins était-ce le message qu’elle essayait de faire passer dans son attitude, parce qu’elle se sentait extrêmement faible…